L'application INCI Beauty

Les algorithmes

Temps de lecture : 11 minutes | Publié le 15/02/2020 | Jean (INCI Beauty)

INCI Beauty utilise des algorithmes pour calculer les notes des produits ou encore rechercher des alternatives de meilleure composition que le produit affiché. Ses outils évoluent régulièrement et essaient de se rapprocher le plus possible de la réalité. Nous précisons ici le fonctionnement de deux des algorithmes les plus importants de l'application :

  • L'algorithme de notation
  • L'algorithme d'alternatives

L'algorithme de notation

Pour chaque produit, INCI Beauty renvoie une note globale comprise entre 0 et 20 ainsi que la liste des ingrédients qu’il contient (Liste INCI). Chaque ingrédient est identifié grâce à un système de fleurs colorées : vert, jaune, orange et rouge. Le principe étant que plus la couleur tire sur le rouge et plus l'ingrédient est controversé et inversement plus il tend vers le vert et moins il l'est.

 

À savoirLes dangers et les risques

L'industrie de la cosmétique reproche souvent aux applications de ne pas faire la distinction entre danger et risque. Pour comprendre la différence entre ces deux notions, l'exemple qui est souvent donné est le suivant : Un lion est un animal sauvage, c'est un animal dangereux. Néanmoins, s'il est enfermé dans un zoo, et que je suis un visiteur, il ne représente pas le même risque pour moi, que pour le soigneur qui doit pénétrer dans la cage et lui donner à manger. La situation fait donc le risque.

Sur INCI Beauty, les fleurs de couleur représentent en quelque sorte des "dangers" associés aux ingrédients. Attention, il faut bien entendu toujours avoir en tête que les ingrédients en circulation dans les cosmétiques ne représentent normalement pas de danger pour l'utilisateur puisqu'ils sont autorisés par la législation.

Le risque est pour nous une notion immatérielle qui fait évoluer le niveau de danger : il n'est pas quantifiable. Mais informatiquement parlant, notre algorithme pourrait donc prendre en compte des niveaux de dangers (pénalités) différents en fonction de situations différentes, ce qui en quelque sorte gèrerait le problème. Le lion passe en niveau de danger "10" avec le soigneur alors que pour le visiteur il est en "2" (il y a en effet toujours un risque que le lion s'échappe de sa cage), et par défaut il est à un niveau de danger "5" (c'est un animal sauvage). Cette notion est essentielle et nous a guidé pour établir l'algorithme de notation.

Pour réaliser cet algorithme, nous nous sommes donc attachés à essayer d’établir une liste d’éléments qui pourraient faire qu’un ingrédient dans un produit cosmétique conduise à des risques différents, dès lors qu’il représente un danger potentiel. Notre réflexion a dû aussi prendre en compte les informations mises à disposition par les marques ainsi que la réglementation, en tout cas, qu’il était inutile de s’attarder sur des données que nous n’avions pas ou qu’il serait difficile d’obtenir, par exemple la concentration des ingrédients dans le produit. 

En voici donc certains :

  • La catégorie du produit : par exemple, un savon, une crème hydratante, un mascara … Un ingrédient quel qu’il soit, aura un impact différent en fonction du type de produit dans lequel il est utilisé.
  • Le caractère rincé ou non du produit : celui-ci est déterminé par la catégorie si elle est suffisamment précise : un shampooing est rincé, un shampooing sec ne l’est pas. L’impact d’un même ingrédient sur la peau sera donc différent s’il est utilisé dans un produit qui ne reste pas sur la peau (Gel douche par exemple) que dans une crème hydratante par exemple.
  • La texture du produit : liquide, solide, gaz (spray), poudre, crème ... Celle-ci nous a paru intéressante, puisqu’elle donne une information sur la manière d’appliquer le produit. Un format spray pourra par exemple favoriser l’inhalation d’ingrédients, et poser des problèmes autres que des formats moins volatils.
  • La taille des particules : il nous a semblé intéressant de traiter l’état nanoparticulaires, d’autant plus que l’information est obligatoire au niveau des listes INCI (si plus de 50%), et qu’il est facile de la récupérer pour l’exploiter ensuite. De nombreuses études sont en cours sur cette échelle, néanmoins on peut imaginer qu’un ingrédient qui a une taille classique de l’ordre du micromètre (10-6 mètres) peut avoir un impact différent (pénétration des couches de la peau) sur notre corps dès lors qu’il est utilisé sous forme nanométrique (10-9 mètres)
  • La destination du produit : hommes, femmes, enfants, personnes âgées, femmes enceintes. Un enfant par exemple aura une peau plus fragile qu’un adulte. Les catégories, si encore une fois elles sont suffisamment précises, peuvent déterminer le public visé par tel ou tel produit.
  • Les labels et certifications du produit : cette information qui apparaît sur la boîte peut donner des indications intéressantes sur le contenu et l'origine de certains ingrédients. Par exemple, une certification ECOCERT/COSMOS peut garantir l'utilisation d'huiles essentielles et non de parfum de synthèse.


La pénalité progressive, l’effet cocktail

Un autre point fondamental qui a été pris en compte dans l’élaboration de l’algorithme, est celui de la « pénalité progressive », c’est-à-dire une manière de pénaliser progressivement les produits sans être trop catégorique et avec un certain relief. Nous pourrions par exemple dire que dès lors qu’un ingrédient est suspecté d’être un Perturbateur Endocrinien, le produit qui le contient prenne la note de 0, mais ce système montrerait que l’application INCI Beauty, serait à même de conclure à la nocivité avérée de l’ingrédient, là où aucun scientifique n’aurait pu le faire avant nous. 

A ce sujet, il est bon de rappeler une nouvelle fois que tous les ingrédients présents dans les produits cosmétiques sont autorisés par la réglementation, et validés par le comité scientifique européen (CSSC), et que l’objet de notre application n’est pas de laisser croire que des ingrédients seraient nécessairement cancérigènes, dès lors qu’il existe des controverses à leur sujet. 

Il est donc important que le système de notation puisse prendre en compte le nombre d’ingrédients potentiellement à risques dans une formule, à défaut de ne pas connaître les proportions réelles. La règle à ce niveau étant qu’il vaut mieux utiliser un produit ne contenant que 3 ingrédients issus de la pétrochimie plutôt qu’un autre en contenant 2 fois plus, et ainsi de suite. 

De plus cette notion est applicable à l’effet cocktail, souvent mis en avant par les scientifiques. Par exemple, dans le cas des allergènes : un groupe de plusieurs d'entre eux peut avoir des effets différents et plus importants qu’un seul. 

Les fleurs de couleur

Un système de fleurs de couleur révèle des pénalités plus ou moins importantes qui sont affectées aux ingrédients, et utilisées lors du calcul de la note des produits. Néanmoins, un ingrédient peut avoir différentes fleurs de couleur, et donc des pénalités différentes liées au risque qu’il peut représenter pour le consommateur. Le système de pénalités évolue en permanence, et des ingrédients peuvent basculer d’une couleur à l’autre en fonction de connaissances réactualisées que nous pouvons avoir.

Vert : un ingrédient sans risque - Pas de pénalité
Ce type d’ingrédient ne pose a priori aucun problème sur la santé humaine et son impact sur l’environnement est moindre. La plupart des extraits naturels sont en vert s’ils ne sont pas réglementés.

Jaune : un ingrédient réglementé / plutôt irritant / allergène - Pénalité faible
Ce type d’ingrédient ne pose guère plus de problème pour la plupart d’entre nous que les précédents. Néanmoins, dans ce groupe nous commençons à trouver quelques ingrédients au pouvoir irritant, voire allergisant. D’autres peuvent aussi être réglementés (Annexe III de la réglementation européenne) : en général, ce sont des limites de concentration qui sont imposées par l’Europe. Nous signalons ce type d’ingrédient par une « petite » pénalité dans les produits.

Orange : un ingrédient issu de la pétrochimie et/ou qui ne mérite pas un rouge - Pénalité moyenne
Sous cette couleur, nous référençons principalement des ingrédients de synthèse, pétrochimiques ou peu écologiques étant donné leur procédé de fabrication polluant et/ou leur faible biodégradabilité. Les ingrédients de ce type peuvent avoir un effet indirect sur la santé humaine.
Rouge : un ingrédient controversé ou potentiellement à risque - Pénalité forte
C’est le niveau le plus haut de pénalité pour un ingrédient. Dès lors qu’une controverse suffisamment sérieuse existe autour d’un ingrédient, il est positionné dans ce niveau de couleur. Néanmoins, avant de le placer dans une telle zone, nous nous assurons qu’il est possible de faire autrement.

 

Le calcul des notes

En fonction des éléments mentionnés ci-avant, chaque produit dispose d'un certains nombres de malus et de bonus qui proviennent des ingrédients qui le composent. Ensuite, en fonction du risque, des effets cocktails (au-delà de 3 allergènes par exemple), de la position des ingrédients, de la quantité d'ingrédients ou d'autres éléments comme un label bio, des pénalités ou des bonus peuvent venir faire évoluer la note. 

 

L'algorithme d'alternatives

Lorsque cela est possible, des alternatives de meilleures compositions sont proposées sur la fiche d’un produit. En effet, si un consommateur scanne un gel douche, et que l’application lui renvoie une note moyenne voire basse, le minimum est de lui montrer un produit qu’il pourrait utiliser à la place.

La catégorie

Le système de notation permet de classer les produits sur une échelle de 0 à 20. Pour un produit noté 11, il existe donc une multitude d’alternatives disposant d’une meilleure note. Dans un premier temps, il convient de réduire cet ensemble aux éléments d’une même catégorie. Si l’utilisateur scanne un gel douche pour homme, il faut s’employer à lui indiquer des gels douches pour homme de meilleure composition : le critère doit être « discriminant » dans ce cas, c’est-à-dire que s’il n’existe pas de gel douche pour homme disposant d’une meilleure note dans la base de données, aucune alternative ne sera proposée.

Le point de vente (le niveau de prix)

Le second point à prendre en compte, est le niveau de prix du produit. Bien que nous nous placions dans une démarche globale qui vise à mieux consommer, il est toutefois important que celle-ci s’inscrive dans un certain pragmatisme et réalisme : Une personne qui scanne un gel douche à 1 euro, a-t-elle la capacité ou l’envie, d’acheter un gel douche 5 ou 6 fois plus cher dans un magasin Bio par exemple ? Pas forcément, peut-être que oui mais aussi que non ! Il faut donc appliquer là encore une certaine progressivité aux alternatives, et se poser la question suivante : pour le produit que j’ai scanné, existe-t-il des alternatives de même catégorie, ayant une meilleure note, qui pourraient avoir un prix équivalent. Ce système ne doit pas être « discriminant », mais les produits répondants à ces critères doivent être positionnés devant les autres.

A défaut de ne pas connaître le prix d’un produit, son "point de vente" sera une bonne indication de son niveau. On peut assez facilement imaginer qu’un gel douche "Garnier", vendu en Grande Surface, aura un prix équivalant à un produit de la même gamme "Le Petit Marseillais". De plus, le point de vente à l’avantage de préciser certaines indications géographiques. Par exemple, une parapharmacie est située en général, à proximité d’une grande surface, alors qu’un magasin bio sera un peu plus isolé. Il est donc intéressant de dresser une liste de points de vente prioritaire au regard de celui concerné par le produit affiché, de manière à là encore, orienter les alternatives vers des résultats plus pertinents.

Les compositions proches

Le dernier élément pris en compte dans cet algorithme d’alternatives, concerne les ingrédients eux-mêmes. Si un utilisateur consulte une crème hydratante contenant du beurre de karité et de la vanille, pourquoi ne pas essayer de lui proposer, une alternative qui aurait une meilleure note, serait vendue au même endroit et qui contiendrait le même type d’ingrédient. Là encore, la restriction imposée ne doit pas être discriminante.

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