Temps de lecture : 5 minutes | Publié le 02/12/2022 | Jean (INCI Beauty)
Le Soleil est source de vitamine D essentielle à notre organisme. Toutefois, une exposition prolongée à celui-ci peut s’avérer dangereuse pour la santé. La crème solaire constitue donc une bonne protection contre les méfaits des rayonnements ultraviolets du Soleil.
Il existe deux catégories de protection solaire, celles qui contiennent :
Ces filtres, minéraux ou chimiques, peuvent également être combinés entre eux par les fabricants pour optimiser l’efficacité du produit de protection solaire. Le règlement n°1223/2009 du Parlement européen et du Conseil [1] prévoit une liste de 28 filtres UV autorisés dans les cosmétiques –notamment dans les crèmes solaires. Parmi ces 28 filtres, 26 sont chimiques et 2 sont minéraux.
Selon la réglementation, 5 filtres UV peuvent être utilisés sous la forme de nanoparticules, il s'agit du Dioxyde de titane, de l'Oxyde de zinc, du Methylene Bis-Benzotriazolyl Tetramethylbutylphenol, du Tris-biphenyl triazine et enfin du Bis-(Diethylaminohydroxybenzoyl Benzoyl) Piperazine (un nouveau filtre UV -2022- qui vient compléter la liste à 28).
Nous ne nous intéressons ici qu'aux 2 filtres UV les plus répandus que vous trouverez régulièrement associés à la mention (NANO) dans les listes d'ingrédient, le dioxyde de titane et l’oxyde de zinc. Il s’agit des deux seuls filtres UV autorisés dans les crèmes solaires portant le label bio : les filtres chimiques sont interdits en bio. Ils sont présents dans les crèmes solaires dîtes "minérales", qui ont longtemps été boudées en raison de leur aspect blanchâtre difficile à étaler. Aujourd’hui, les nanoparticules ont permis de rendre ces crèmes plus transparentes et plus faciles à appliquer. Ainsi, même si leur rendu n'est pas toujours parfait, les crèmes solaires minérales sont devenues de sérieuses concurrentes aux crèmes solaires plus conventionnelles (utilsant des filtres UV chimiques).
Ce que dit la règlementation
Le règlement REACH est un règlement européen (règlement n°1907/2006) pour sécuriser la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans l’industrie européenne [3]. Il impose une limite d’utilisation maximale de 25% massique pour les filtres solaires inorganiques, quelle que soit leur taille [4]. En prolongation à ce règlement, le règlement Cosmétique européen rend obligatoire le marquage de la mention “nano” accolée à la substance concernée sur l’emballage des produits : « matériaux insoluble ou bio-persistant, fabriqué intentionnellement et se caractérisant par une ou plusieurs dimensions externes ou une structure interne, sur une échelle de 1 à 100nm » [5]. Les recommandations de la commission du 18 octobre 2011 [2], viennent préciser qu'une substance, pour être considérée comme un nanomatériau, "doit comporter au minimum 50% de particules de dimensions comprises entre 1 nm et 100 nm.".
Ainsi tous les filtres UV répondant à ces critères doivent être étiquetés avec la mention “nano” sur le produit. Pourtant cet affichage, n’est pas toujours respecté par les fabricants, et ceci pour une raison assez simple : il n'existe pas de méthode de détection des nanoparticules normée/règlementée au niveau européen - cela paraît incroyable !
Selon la DGCCRF, la méthode de détection de nanoparticules la plus fiable serait le MEB (Microscopie électronique à balayage). Toutefois, cette méthode n’est pas normée et d’autres techniques de détection sont également autorisées et utilisées: DLS, VSSA et SP-ICPMS [4]. Chacune de ces méthodes peut donc renvoyer des résultats différents et en quelques sorte "fausser" l'affichage final de l'ingrédient qui portera ou non la mention "NANO" sur le packaging.
La méthode est contestée par les marques Bio pour les deux raisons suivantes :
L'analyse par MEB est également coûteuse pour les marques, puisqu'il faut compter entre 800 et 1500 euros pour faire pratiquer ce type d'analyse en laboratoire.
Par mesure de précaution et de transparence vis à vis du consommateur, le label des cosmétiques bio et naturels Cosmébio a choisi en 2022 d’imposer à ses adhérents d’afficher la mention « nano » dans les listes d’ingrédients contenants du dioxyde de titane et/ou de l’oxyde de zinc, sous peine de se voir retirer son label BIO. Ce règlement est rentré en vigueur en 2022 avec un délai accordé aux fabricants pour mettre à jour les packagings. C’est la raison pour laquelle un certain nombre de fabricants de crèmes solaires bio affichent la mention « nano » tandis que d’autres non [6].
Remerciements : Katy Velayoudon, Elève ingénieure à SIGMA Clermont, pour les recherches effectuées dans le cadre d'un stage de fin de 1ère année chez INCI Beauty.
Sylvie DUCKI, professeure de chimie organique à SIGMA
Sources :