Temps de lecture : 5 minutes | Publié le 12/08/2020 | Jean (INCI Beauty)
Les colorations chimiques (permanentes, semi-permanentes) sont sujettes à de nombreuses controverses. En effet, elles peuvent contenir des ingrédients suspectés d'être des perturbateurs endocriniens voire cancérigènes.
Les perturbateurs endocriniens sont de nos jours de plus en plus au coeur des études et notamment en cosmétique, car ils peuvent entraîner de sérieuses complications hormonales qui surviennent à plus ou moins long terme après l’exposition à la substance. De plus, l’exposition n’est pas proportionnelle aux complications ou effets qu'ils peuvent avoir, ce qui les rend difficiles à caractériser. Pour une étude complète, il faudrait voir défiler plusieurs générations de patients. Néanmoins, les organismes mondiaux et européens commencent à constituer des bases de données les référençant à différents états : suspectés, en cours de test ou avérés.
Pour déterminer si une substance est un perturbateur endocrinien, il n’existe pas de méthodes alternatives à l’expérimentation animale. Cette problématique reste donc un gros enjeu. Cependant, des institutions européennes (ECHA et EFSA) en accord avec les décrets de l’OCDE de 2012, ont mis en place un test en 5 niveaux afin d’évaluer la véracité du perturbateur endocrinien :
Une fois les tests effectués, le CSSC (Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs) remet une « note de conseil » à l’Union européenne qui tranchera définitivement sur le caractère perturbateur endocrinien ou non de la molécule.
Les coiffeurs et personnes choisissant de faire leur coloration elles-mêmes sont en contact avec de nombreuses substances qui peuvent être nocives pour l’environnement et potentiellement des PE (perturbateurs endocriniens) tels que le résorcinol ou encore le goudron de houille … Le résorcinol par exemple, a été reconnu PE par ANSES, alors que l'Union Européenne, donc la réglementation, ne l’a pas encore validé en tant que tel. Ceci montre bien que même si un ingrédient est connu dans un milieu et autorisé depuis des années, il n’est pas à l’abri d’être nocif. L’exposition prolongée des professionnels peut avoir des conséquences irréversibles.
L'ANSES, l'ANSM et l'INRS ont publié en 2016 un document de synthèse sur l'impact des cosmétiques (en général) chez les professionnels (coiffeurs et esthéticiens).
Le rapport est alarmant et montre que l'utilisation des cosmétiques en milieu professionnel peut avoir un effet sur
L’étude précise que ces résultats sont sans distinction entre l’exposition chimique, physique et psychologique.
Pour ce qui concerne les cancers, de nombreuses polémiques circulent également. Dans une étude de l’ETUI (European Trade Union Institute), Laurent Vogel indique que chez les professionnels (coiffeurs et esthéticiens) les risques de cancer du sein sont multipliés par cinq par rapport à la population générale.
Le CSSC (Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs), en se basant sur les données disponibles, considère-lui que la dangerosité des produits de coloration capillaires n'est pas un sujet de préoccupation majeure pour ce qui est de la génotoxicité et des effets cancérigènes.
Néanmoins, certains cancers pointés du doigt seraient liés aux colorations capillaires comme le cancer du sein, de la vessie et la leucémie. Mais, là encore, les données sont trop faibles pour conclure à un lien direct entre les produits de colorations capillaires et les cancers : les deux les plus probables étant le cancer du sein et de la vessie.
Remerciements : Déane GOUJARD, Elève ingénieure à SIGMA Clermont, pour les recherches effectuées dans le cadre d'un stage de fin de 1ère année chez INCI Beauty.
Sylvie DUCKI, professeure de chimie organique à SIGMA
Sources :