Perturbateurs endocriniens : état des lieux

Temps de lecture : 5 minutes | Publié le 04/04/2019 | Jean (INCI Beauty)

Les perturbateurs endocriniens sont des molécules chimiques capables d’imiter ou de modifier l’action d’une hormone. Ils perturbent le bon fonctionnement de l’organisme. De plus, ils peuvent avoir un effet dose (effet à très faible dose) ou un effet cocktail (mélange de molécules peu toxiques séparément qui s’avèrent nocives entre elles). 

Le règlement cosmétique ne contient aucune disposition spécifique concernant les perturbateurs endocriniens. Cependant ces substances sont soumises à des mesures règlementaires au titre du règlement REACH. On peut lire énormément d’articles incriminant différents composés chimiques d’être des perturbateurs endocriniens. Mais qu’en est-il vraiment et que disent les différents organismes ?

Elsa s'est attachée à regrouper des informations concernant une vingtaine de molécules, parmi les plus suspectées et les plus présentes dans les compositions cosmétiques. 

- BENZOPHENONE-1 (CAS 131-56-6) : l’ANSES a mis en avant la bioaccumulation de ce filtre UV au niveau placentaire, une toxicité au niveau des reins et du foie ainsi que des effets ostrogéniques in vivo et in vitro.

Réf. AFSSAPS 2011 (anciennement ANSM), Inserm - Patrick Thonneau

- BENZOPHENONE-3 (Cas 131-57-7) : Ce filtre UV est rapidement absorbé, transformé (et notamment en benzophénone-1) puis éliminé chez l’animal. L’ANSES relève une faible toxicité et un effet non tératogène (susceptible de provoquer des malformations). Cependant l’AFSSAP émet un avis défavorable à son utilisation chez l’enfant de moins de 10 ans. Cette substance est en cours d’évaluation par ECHA pour de potentiels effets de perturbation endocrinienne, ainsi que pour les préoccupations qu’elle soulève vis-à-vis de l’environnement et des populations sensibles.

Réf. AFSSAPS 2011 (anciennement ANSM),

- BENZYL SALICYLATE (CAS 118-58-1) : Cet allergène soulève de nombreuses questions et une évaluation de la part de l’ECHA est programmée pour l’année 2020 afin d’évaluer un potentiel effet de perturbation endocrinienne.

- BHT (cas 128-37-0) : les études réalisées ne montrent aucune altérations au niveau de la fertilité cependant ce composé traverse la paroi placentaire et se retrouve dans le lait maternel. De plus, il agit sur la thyroïde en modifiant la concentration des hormones thyroïdiennes mais aucune preuve directe de ce mode d’action n’a pu être mise en évidence. Cette substance très toxique pour les milieux aquatiques est en cours d’évaluation depuis 2016 par ECHA pour un effet potentiel de perturbation endocrinienne.

Réf. ANSES, Avis 

- BUTYLPARABEN (CAS 94-26-8) : ce conservateur montre une faible activité oestrogénique in vivo et in vitro. De plus des effets toxiques sur la reproduction ont étés mis en évidence chez les animaux à des doses susceptibles d’être comparables à l’exposition humaine : il ne doit pas être utilisé dans les produits sans rinçage destinés au siège des enfants.

Réf. AFSSAPS 2005, INERIS (Parabènes)

BUTYLPHENYL METHYLPROPIONAL (CAS 80-54-6) : Son évaluation par ECHA est en cours depuis 2012 pour de susceptibles nuisances à la fertilité et au fœtus, des nuisances envers les organismes aquatiques ainsi que de possibles allergies cutanées.

- CYCLOMETHICONE (CAS 69430-24-6/556-67-2/541-02-6/650-97-6) : Ce silicone volatil a un effet toxique sur le foie, de plus des effets respiratoires sont observés après un exposition longue durée ainsi que des effets hématologiques.

Réf. ANSES

- ETHANOLAMINE (CAS 141-43-5) : Cette substance a été évaluée en 2014 par ECHA elle s’est révélée toxique pour les milieux aquatiques et pour l’homme si elle est inhalée. De plus elle est suspectée de nuire à la fertilité et au fœtus et causer des irritations respiratoires et de l’asthme.

- ETHYLPARABEN (CAS 120-47-8) : l’Anses considère que c’est une substance peu toxique qui pourrait être à l’origine d’une légère perturbation endocrinienne. Une évaluation par ECHA est prévue en 2021 pour un potentiel effet de perturbation endocrinienne.

ETHYLHEXYL METHOXYCINNAMATE (CAS 5466-77-3) : Ce filtre UV a une légère toxicité aiguë, qui est faiblement irritante.

Réf. ANSM

ETHYLHEXYL SALICYLATE (CAS 118-60-5) : Evaluation par ECHA prévue en 2020 concernant un effet de perturbation endocrinienne.

- METHYLPARABEN (CAS 99-76-3) : En cours d’évaluation par ECHA concernant un effet de perturbation endocrinienne.

- OCTOCRYLENE (CAS 6197-30-4) : En cours d’évaluation par ECAH. Molécule suspectée d’être PBT (persistante, bioaccumulable et toxique).

- PROPYLPARABEN (CAS 94-13-3) : ce conservateur montre une faible activité oestrogénique in vivo et in vitro. De plus des effets toxiques sur la reproduction ont étés mis en évidence chez les animaux à des doses susceptibles d’être comparables à l’exposition humaine. Le Propylparaben ne doit pas être utilisé dans des produits sans rinçage destinés au siège des enfants. Cette substance est en cours d’évaluation par ECHA pour un potentiel effet reprotoxique et de perturbation endocrinienne.

Réf. ANSM, INERIS

- TITANIUM DIOXIDE (CAS 13463-67-7) sous forme de Nanoparticules : l’INRA a montré qu’une exposition chronique chez l’animal entrainait des lésions précancéreuses. Une évaluation par ECHA est en cours pour un potentiel effet CMR.

Réf : ANSES

- TRIETHANOLAMINE (CAS 102-71-6) : Suite à son évaluation en 2014 par ECHA aucun danger n’a été mis en avant.

- ZINC OXYDE/CI 77947 (CAS 1314-13-2) sous forme de Nanoparticules : Dans un rapport de l’ANSES, une exposition à court terme à ces nanoparticules entraine une diminution de la viabilité cellulaire. Sur le long terme, on peut noter une altération de la structure de certaines protéines. Une évaluation de la part de l'ECHA est en cours. Plusieurs questionnements existent vis-à-vis de l’exposition des consommateurs et de l’environnement.

Réf : ANSES

Merci à Elsa Andrieu (Sigma CLERMONT), notre ingénieure chimiste, recrutée grâce à l’aide financière accordée par Clermont Auvergne Métropole.

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