La réglementation cosmétique

Nouvelle demande d'avis au CSSC sur le Titanium dioxide

Temps de lecture : 4 minutes | Publié le 30/06/2022 | Jean (INCI Beauty)

Compte tenu des dernières études scientifiques concernant le dioxyde de titane, et de son interdiction prochaine en tant qu'additif dans les denrées alimentaires en Europe, la commission européenne vient de demander un nouvel avis au comité scientifique européen (CSSC). Ce dernier devra apporter son éclairage sur l'utilisation du TiO2 en toute sécurité dans les cosmétiques et plus particulièrement dans certaines catégories de produits.

Rappel des faits

Le dioxyde de titane (TiO2) est une substance blanche, insoluble et inerte, dotée d'un indice de réfraction élevé. Sous sa forme microcristalline, il est utilisé comme pigment blanc ou agent opacifiant dans le maquillage, les soins de la peau, les produits capillaires et buccaux. En outre, le TiO2 est également utilisé comme filtre UV inorganique, principalement dans les écrans solaires, mais aussi dans les crèmes de jour, les fonds de teint et les baumes à lèvres, pour assurer une protection contre les rayons UV. L'introduction de nanoparticules incolores et ultrafines de TiO2 a amélioré son application sur la peau tout en conservant et en renforçant ses propriétés de filtre UV.

Le TiO2 est autorisé à la fois comme colorant sous l'entrée 143 de l'annexe IV et comme filtre UV sous les entrées 27 et 27a (forme nano) de l'annexe VI du règlement CE sur les cosmétiques n° 1223/2009. Compte tenu de sa classification comme substance cancérogène de catégorie 2 (c'est-à-dire soupçonnée d'être cancérogène pour l'homme) par inhalation uniquement et de son inclusion dans l'annexe VI du règlement (CE) n° 1272/2008 (règlement CLP), le TiO2 a été réévalué par le CSSC. Par la suite, l'entrée 321 de l'annexe III a été introduite et des dispositions supplémentaires ont été ajoutées aux entrées existantes de l'annexe IV (143) et de l'annexe VI (27 et 27a) pour restreindre davantage l'utilisation du TiO2 dans les produits cosmétiques.

En mars 2021, le groupe scientifique sur les additifs alimentaires et les arômes (groupe FAF) de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a émis un avis sur la sécurité du TiO2 (E171) en tant qu'additif alimentaire. Sur la base de nouvelles preuves scientifiques pertinentes considérées par le panel comme fiables, le groupe a indiqué qu'un risque de génotoxicité ne pouvait pas être exclu. À la lumière de ces éléments et compte tenu des nombreuses incertitudes, le panel a conclu que l'E171 ne doit plus être considéré comme sûr lorsqu'il est utilisé comme additif alimentaire.

À savoirLa France en avance sur l'interdiction de l'E171 dans l'alimentaire
Pour rappel, l'E171 est déjà interdit en France depuis le 1er janvier 2018, cette interdiction a d'ailleurs été reconduite pour 2022. À compter du 7 août 2022, il le sera aussi en Europe : la production de nouvelles denrées alimentaires contenant du TiO2 sera donc interdite et les produits déjà sur le marché pourront le rester jusqu'à leur date de durabilité minimale ou leur date limite de consommation.

En mai 2022, les services de la Commission européenne ont reçu un dossier soumis par l'industrie de la cosmétique accompagné d'un examen complet sur la toxicité génétique du TiO2, fournissant des preuves scientifiques de l'innocuité des formes non nanométriques (pigmentaires) et nanométriques du TiO2 dans les produits cosmétiques.

Une nouvelle demande d'évaluation dans les cosmétiques

C'est donc aujourd'hui naturellement que le CSSC est sollicité pour donner son avis sur la sécurité du TiO2 en mettant l'accent sur la génotoxicité et l'exposition par inhalation et par voie orale (soins des lèvres, rouge à lèvres, dentifrice, poudre libre, laque pour cheveux, dentifrice, poudre libre, spray pour cheveux).

Voici une traduction des questions auxquelles le CSSC devra répondre :

(1) À la lumière de l'avis de l'EFSA sur les préoccupations relatives à la génotoxicité du E171, le CSSC estime-t-il que le dioxyde de titane est sûr dans les produits cosmétiques oraux ?

(2) A la lumière de l'avis de l'EFSA, le CSSC considère-t-il que les avis précédents émis par le CSSC sur l'exposition par inhalation et par voie cutanée au dioxyde de titane doivent être révisés ? Dans le cas où l'exposition estimée au dioxyde de titane dans les produits cosmétiques est préoccupante, il est demandé au CSSC de recommander des limites de concentration sans danger pour chaque catégorie de produits et de types d'utilisation.

(3) À la lumière de la suppression potentielle de la spécification de pureté E 171 du règlement des additifs alimentaires, il est demandé au CSSC de revoir et d'indiquer les spécifications pour le dioxyde de titane lorsqu'il est utilisé dans les cosmétiques.

(4) Est-ce que le CSSC a d'autres préoccupations scientifiques concernant l'utilisation du dioxyde de Titane dans les produits cosmétiques ?

Le comité scientifique dispose de 9 mois pour émettre un premier avis.

Source :

 

 

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